
Un de ces soirs en rentrant du travail, j’ai eu cette pensée: plus encore que d’être en bonne santé, il faut le vouloir pour le rester. Avec le recul je trouve cette phrase un peu dure: loin de moi l’idée de renvoyer à l’autre un sentiment d’insuffisance ou de culpabilité. Au contraire, c’est merveilleux d’avoir la santé: je suis d’avis qu’il faut la chérir chaque jour! D’ailleurs, nous naissons tous avec un capital vitalité. Cette vitalité peut être forte et s’user au fur et à mesure du temps, des événements, de nos comportements. À l’inverse ce capital peut s’avérer fragile aux premières années, puis se renforcer à l’aide d’un environnement stable et d’une conduite de vie adaptée. En naturopathie, on appelle ce concept le vitalisme. Inéluctablement, nos corps sont soumis à un phénomène d’usure face auquel il ne faut pas chercher à lutter, mais plutôt à les accompagner en douceur.
Dans ma pratique, j’ai rencontré de nombreuses personnes (surtout des femmes) qui, au retour d’une journée complète et plus ou moins harrassante, étaient en proie à un phénomène de décompensation. Dit plus simplement, c’est ce moment où passé la porte de chez soi, les vannes s’ouvrent: le stress accumulé fait jour, il ne demande qu’à s’évacuer. Pour dissiper le malaise, on a le choix: prendre une douche, enfiler des vêtements confortables, faire un peu d’exercice, commencer à éplucher les légumes pour le repas du soir, ou ne rien faire. Mais aussi: se verser un verre d’alcool, démarrer une session de mindless scrolling sur Instagram, s’effondrer sur le canapé, et, comme cela arrive très souvent, manger: vite, sucré, satisfaisant.
Nous ne sommes pas là pour nous juger ni pour adopter une ligne de conduite parfaite: c’est bien plus malsain que de manger un paquet de chips. Mais j’appelle chacun, chacune, à observer ses comportements avec une vigilance bienveillante. Parfois, c’est un moment de craquage salvateur. D’autres fois, ce sont des habitudes qui s’installent dans la durée, et qui par répétition, deviennent des modes de fonctionnement, des patterns qui rendent notre cerveau accro. Le sujet des addictions est vaste et j’aimerais continuer de le creuser. Mais avant de parler de lutter contre, j’aimerais vous inviter, si vous êtes sujets à ce genre de comportement, à vous poser ces questions au moment T: Que se passe-t-il en moi? Quel genre d’émotions je ressens? Pour quelle raison je mange/bois/fume/dors/reste scotché à l’écran/fais du sport à outrance[…]? Quel est le cheminement vers ce comportement qui me soulage?
Et puis ralentir le mouvement. Ne pas lutter contre, mais ralentir, observer et se pardonner avant d’amener toute tentative de changement. Pour clore cet article, je me souviens de ces mots que j’avais lus quelque part: il faut augmenter le bon plutôt que de chercher à faire disparaître le mauvais. Si votre comportement vous est néfaste, ne vous jugez pas comme une mauvaise personne. Votre addiction est peut-être un moyen de survie face à une réalité trop confrontante à accepter. Ce que cela dissimule, c’est là même le cœur de la solution. Et les possibilités de changement sont infinies!